La plaisir de lire Histoire de Noël-La Reine de la Neige

Les yeux…Ses yeux si beaux m’ont fait la suivre dehors, dans la fraîcheur donnée par la tombée du soir. Tout était gelé, froid, clair, tout comme ses yeux d’un bleu si clair comme s’ils étaient faits de la glace bleue sur laquelle elle marchait, ou plutôt flottait parce que dans ses mouvements il y avait beaucoup d’agilité et de grâce, tout son être dégageait sur moi une attraction irrésistible et elle avait quelque chose d’inhumain, éphémère, voilé dans chacun de ses traits.
Immédiatement après, elle est sortie dehors de la pénombre des murs grisâtres du lycée, il commençait à neiger avec de gros flocons de neige, qui tournaient dans le vent sifflant, dans le vide.
La belle étrangère a défait ses cheveux longs, aussi blancs comme les flocons qui s’accrochaient dans ses mèches dénattées couvrant son cou gracieux et la moitié de son visage. Elle était si pâle habillée toute en blanc…elle semblait une statue de marbre, vivante, chaque veine bleuâtre pouvait se distinguer palpitant de vie et de bonheur, sous la peau d’albâtre, un parchemin fin et je me suis demandé si elle était aussi froide que son regard clair, lumineux et si je l’avais touchée, elle ne se serait pas cassée dans mes mains comme une statue de glace.
J’étais un enfant stupide parce que, sourd et insensible aux morsures du vent, je la suivais en silence, ensorcelé comme si elle m’avait emporté dans une contrée d’hiver et, timide et perdu, je n’osais pas lui parler. Le premier jour de décembre, la première chute de neige… et je suivais une étrangère mystérieuse.
      Elle s’est arrêtée comme si elle écoutait le vent en voulant lui poser des questions, elle voulait s’assouplir comme les arbres nus autour de nous.           Elle s’est tournée, moitié vers moi et elle m’a regardé directement dans les yeux avec son regard de turquoise. Je sentais qu’une griffe de glace envahissait mon cœur, ses regards fouillaient au fond de mon âme et m’ont coupé la respiration…Elle a ri avec la joie donnée par l’enthousiasme de sa jeunesse et s’est moquée de ma situation vraiment pénible. Dans ses yeux, une réflexion de lumière est passée comme un rayon sur une surface couverte de glace. Elle a commencé à courir, est-ce qu’elle voulait s’éloigner de moi? J’ai essayé de la suivre mais je n’ai pas réussi parce que la chute de neige d’avant s’était transformée si clairement dans une tempête de neige et tout devenait une mer blanche. J’ai pu voir ainsi son manteau de fourrure voltiger à une distance de quelques dizaines de pas de moi, puis elle a disparu, avalée par la tempête, seulement l’écho de son rire porté par le vent semblait se débrouiller autour de moi et je l’entendais plus fort ou plus faible ou peut- être que l’impression de son rire résonnait dans mon esprit quand en fait, il n’était que le sifflement du vent.
     Je courais…Je ne voyais pas où je marchais, il n’existait rien, ni haut, ni bas, c’était comme un vide qui m’avalait, moi aussi, c’est comme si le monde s’était retourné à son état d’origine, un vide immense, rien !…
Désert blanc. Les flocons de neige pénétraient mes yeux, ils me piquaient, le vent me frappait le visage, je ne sentais plus mes mains, mes pieds non plus et je continuais à avancer…J’ai glissé et je suis tombée, j’avais mal partout, je ne pouvais plus me relever. J’ai fermé les yeux en voyant que j’étais en train de trouver ma fin dans la tombe blanche…
Senteur de brioche…L’effleurement fin d’une main chaude. J’ai sursauté et j’ai difficilement ouvert les paupières. C’était maman, elle restait penchée sur moi, le visage souriant.
   -Tu as beaucoup dormi, Raphaël. Allons, tante Hetty et oncle Gérôme sont arrivés ! Viens et aide-les à décorer le sapin !
Sa voix heureuse semblait venir de loin et j’ai froncé les sourcils, frottant mes tempes. Comment décorer le sapin ?
    -Il est trop tôt pour une chose comme celle-ci ! dis-je obstiné, fermant encore les yeux.
   -Mais c’est la Veille de Noël, Raph !riait maman, levant les sourcils et ébouriffant mes cheveux, après quoi elle partit à la cuisine.
    Je suis sorti de mon lit, j’ai tâté mon front. J’ai regardé le calendrier : le 24 décembre…Mais comment ? Je n’avais aucun souvenir après la date du 1er décembre et un mois était déjà passé ! J’ai marché vers la fenêtre qui était couverte de fleurs de givre bleu. Dehors, les enfants riaient, se battant avec des boules de neige et faisant de la luge, des bon- hommes de neige ou répétant des noëls. Dans la cuisine, on préparait tous les plats pour le réveillon de Noël, tante Hetty décorait le sapin dans la salle à manger, mettant les boules de Noël en cristal de ma grand-mère, des bougies, des anges en papier, des friandises, les étoiles et les lumières. Mon père et oncle Gérôme étaient dehors, mettant les décorations pour la maison…
10:30. Je suis descendu au rez-de-chaussée. Dans toute la maison on sentait une odeur de vin chaud, de cannelle, de pommes cuites, de brioche, de branches de sapin.
    Je suis sorti me promener, j’ai erré toute la journée et j’ai attendu le crépuscule pour retourner à la maison. Je rencontrais des groupes de chanteurs des noëls qui me couraient après parce que je ne leur donnais pas de friandises (je n’en avais pas).
     En douce, la nuit était tombée…Le sifflement du vent résonne comme un écho des abîmes de la terre, qui se transforme dans un rire, ce rire ! Les génies de l’hiver prennent vie sur les rues désertes. Les rayons de la lune brodent les toiles des rêves et des illusions de la nuit avec leur lumière froide. Le ciel s’assombrit, des nuages comme un brouillard grisâtre couvrent la lune avec leur fumée bleue, pour cacher sa lumière illusoire et déchirer la toile filée par les rayons d’argent. De grands flocons de neige commencent à glisser sous le vent, le ciel commence à pleurer avec des larmes gelées tombant sur la surface de marbre blanc de la terre couverte de neige. Des yeux bleus, clairs apparaissent dans mon état comme une illusion, la peau blanche comme un parchemin ou comme….un marbre vif.
     Les flocons de neige flottent dans l’air froid, tombant sur la terre et lui donner leur caresse gelée, l’embrassement de mort de l’hiver et le baiser vénéneux, douloureux du gel.
Je tourne mon visage vers le ciel, je reçois le baiser des papillons blancs, secoués du jardin de l’hiver comme la caresse de ma reine, j’entends son rire porté par le vent.
    Je retourne chez moi. J’entre et je suis frappé par la chaleur de dedans, des visages joyeux et rougissants m’accueillent, voilà le bonheur, l’harmonie et l’amour de ma famille réunie pour les fêtes. Tous rient, se sentent bien et prennent part avec les autres au bonheur général.
L’hiver entier, j’ai rêvé de cette étrangère-là, là mystérieuse, la Reine de la Neige. Elle a paré toutes mes nuits de rêves de bonheur, je la sentais, voyais et entendais dans toutes les merveilles de l’hiver, mais elle ne me s’est jamais montrée…

Picture of Ivan Adina

Ivan Adina

Profesor de Limba franceză la Colegiul Național Dinicu Golescu din Câmpulung, vechime 22 ani

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